Beaucoup de questions dans ce message. Des réponses détaillées et complètes rempliraient une encyclopédie. Je vais donc essayer de résumer en donnant des pistes pour que chacun puisse ensuite compléter ses connaissances par lui-même.
Osiris – HN – bonus – malus – groupe – jauges – classe – série – etc. :
Si des bateaux ayant des vélocités différentes régataient ensemble, le vainqueur serait désigné d’avance. Or le but en régate est de confronter les équipages, pas les bateaux. On a donc imaginé différents systèmes de classement dont le principe commun est simple : on affecte à chaque bateau un coefficient selon ses aptitudes à la vitesse, puis on multiplie le « temps réel » relevé pour un parcours par ce coefficient afin d’obtenir un « temps compensé » qui servira à classer les bateaux. On peut donc gagner en First 18 contre un bateau du Vendée Globe, malgré un temps de parcours bien plus long !!!
En France, le système HN (Handicap National), désormais appelé Osiris Habitable est le système de base pour les régates de club car il est simple et grandement basé sur la confiance dans les auto-déclarations des équipages. Il existe d’autre systèmes mais plus compliqués et plus coûteux car faisant obligatoirement appel à un jaugeur agréé pour effectuer de nombreuses mesures sur les bateaux.
Selon leur coefficient de vitesse, les bateaux sont classés en groupes, de « 0 » pour les plus lents à l’infini. Un First 18 quillard est en « gr 2 », un quille relevable en « gr 3 ».
Ces groupes, appelés « groupe brut » sont déterminés pour les bateaux en configuration d’origine telle que déclarée à la FFV par les constructeurs, mais les propriétaires peuvent avoir équipé leurs navires d’éléments qui vont les ralentir (par exemple moteur fixe avec hélice toujours dans l’eau) ou les rendre plus véloces (par exemple voiles plus grandes ou mat en carbone). On va donc appliquer au « groupe brut » des « bonus » ou « malus » pour déterminer le « groupe net », c’est lui qui servira au classement. Un bateau doit demander une carte à la FFV qui mentionne son groupe.
Le guide « Osiris Habitable », édité par la FFV, apporte tous les détails sur ce système, il est en ligne sur le site de la FFV :
http://www.ffvoile.fr/ffv/web/pratique/ ... le/OSIRIS/
Les bateaux peuvent appartenir à des « classes », par exemple « Mini-Transat », « Micro », « 12mJI », etc., ils sont alors différents mais assez proches avec des règles architecturales communes. Ils peuvent aussi appartenir à des « Séries » et sont alors tous identiques, par exemple « Corsaire », « Muscadet », « Figaro solo », etc.
Le First 18 est un « Micro », c'est-à-dire un bateau respectant la jauge de cette classe : dimensions de la coque, longueur du mat et surfaces des voiles définies, et quelques autres obligations, avec beaucoup de liberté pour l’accastillage.
Le guide « Micro », édité par Micro Class France et les règles générales internationales éditées par « Micro Class » sont une base de connaissance :
http://micro-class.org/wp-content/uploa ... 0755V2.pdf
http://www.mc18.fr/
Il est de principe que les règles d’une Série ou d’une Classe s’imposent si elles sont en conflit avec les règles de base Osiris. C’est tout l’intérêt du travail effectué l’an dernier qui permet désormais aux First 18 d’utiliser des spis et tangons plus grands sans malus excessif.
Surfaces des voiles :
C’est souvent très mal compris. Une voile n’est pas plate, elle a un volume très difficile à mesurer, des bords arrondis et non rectilignes. En conséquence, la « surface » d’une voile n’est jamais la surface réelle du tissus. Selon les coupes, deux voiles de même « surface » peuvent en réalité présenter des surfaces de tissus différentes.
Le but en régate est de définir des règles permettant l’équité entre les concurrents. Ce qui est important n’est pas la surface mais les dimensions. On mesure des longueurs (le long du mat, de l’étai, etc.), des largeurs (le long de la bôme, à mi hauteur, etc.) et on entre les mesures dans des formules de calcul. Il va en ressortir une « surface » qui n’est jamais la vraie surface de la voile, et dont le seul but est de placer ensemble des bateaux respectant le même résultat. Si le bateau s’écarte des mesures retenues pour calculer son handicap brut, il va relever du bonus/malus.
Pour compliquer la chose, les formules de calcul ont changé au fil des années. Une même voile se voit donc attribuer une surface différente selon l’année où on la mesure ! C’est le cas du spi de base des Micro qui peut « mesurer » 18,50 m² ou 19,60 m² selon les années, alors que c’est toujours le même.
D’autres éléments peuvent être réglementés comme les lattes, en nombre et longueur, ou les têtières de grand-voile.
Dans une régate de club sans enjeu, personne n’ira vérifier si les voiles sont strictement conformes. Je conseillerais donc à chacun de commencer avec ce qu’il a, même si ce n’est pas parfaitement réglementaire, il n’y aura aucun avantage réel. Mais dès que le niveau de la compétition monte, le respect des règles devient plus strict. En août 2017, le Championnat du Monde Micro se tiendra sur le lac d’Annecy, les bateaux seront strictement jaugés et les voiles mesurées. Si on doit acheter des voiles neuves, même pour la croisière/balade, on a tout intérêt à respecter les règles utilisées en régate, la voile aura une meilleure valeur patrimoniale en cas de revente.
Pour un First 18 :
Il faut avoir à bord une grand-voile, un génois, un seul foc pour régater entre Micro, un ou deux focs en inter-série Osiris, un tourmentin et un seul spi symétrique.
Il y a des dimensions à ne pas dépasser pour ne pas être frappé d’un malus :
Grand-voile :
P = 6,85 m (guindant, mesuré entre deux marques contrastées sur le mat)
E = 2,60 m (bordure, mesurée entre mat et une marque contrastée sur la bôme)
HB = 0,15 m (largeur de la têtière)
MGT = 0,57 m (largeur au 7/8 de la hauteur)
MGU = 0,98 m (largeur au ¾ de la hauteur)
MGM = 1,69 m (largeur au ½ de la hauteur)
MGL = 2,34 m (largeur au ¼ de la hauteur)
Pour être classé en Micro, 3 lattes maxi dont une seule forcée.
En Osiris, lattes libres.
La « surface » est donnée par la formule 0.575*P*E soit 10,24 m².
La grand-voile à corne :
Elle mélange souvent deux notions :
• Il est toujours autorisé de remplacer une plaque têtière pleine par une petite latte oblique captive. C’est surtout intéressant pour les grandes têtières. Avec 0,15 m (ou 0,152 m soit 6 pouces) ce n’est pas très intéressant pour le First 18.
• En Micro, on peut augmenter la taille de la corne, mais il faut rogner ailleurs pour que la voile ne soit pas trop grande. C’est vite discutable et alors frappé d’un malus en Osiris. Je ne pense pas qu’il y ait un intérêt pour le First 18, d’autant plus que cela interférerait avec le pataras.
Génois :
JL = 6,92 m (guindant)
LPG = 2,18 m (perpendiculaire au guindant depuis le point d’écoute)
JGM < 1,20 m (largeur à mi hauteur < 55% LPG)
Lattes interdites.
La « surface » est donnée par la formule 0.5*JL*LPG soit 7,54 m².
Foc :
« Surface » inférieure d’au moins 15% à celle du génois, même formule de calcul.
Lattes autorisées.
En pratique, un seul foc d’une « surface » d’environ 5 à 5,5 m² convient bien.
Petite remarque en passant pour ceux qui ne régatent pas : un enrouleur de génois est lourd et cher ; une bande de ris dans un génois de 7 m² pour le réduire à 5/5,5 m² est léger et bon marché…
Tourmentin :
Même formule de calcul que le génois avec des restrictions.
« Surface » inférieure à 2,23 m²
Guindant JL inférieur à 4,34 m.
En pratique, cette voile ne servira jamais. Un tourmentin du commerce, pris sur l’étagère, entre 2 et 2,5 m² convient.
Spi de base dit petit spi :
SL = 5,90 m (longueur des guindants, identiques)
SMG = 3,90 m (largeur à mi hauteur)
SF < 3,90 m (bordure)
La « surface » est donnée par la formule SL*(SF+4SMG)/6 soit 19,15 m² environ.
Le tangon d’un Micro peut dépasser l’étrave mais ne doit pas dépasser 2m25.
Le grand spi :
Cette voile est frappée d’un malus de 1/2gr. A chacun de savoir si c’est ou non un avantage. Probablement oui pour ceux qui font des longs bords de portant par petit temps genre aller/retour sur la Seine, probablement non pour ceux qui font des parcours côtiers variés dans du vent fort en mer.
Les dimensions sont libres, mais la surface ne doit pas dépasser 25 m² avec la formule SL*(SF+4SMG)/6 et en respectant SF < SMG.
Le tangon peut alors atteindre 2m45.
Attention, cette voile n’est reconnue que par la classe Micro France. Elle n’est pas autorisée en régate Micro internationale.
Si j’ai personnellement insisté l’an dernier pour que cette voile apparaisse, c’est aussi pour une raison qui n’a rien à voir avec la régate. Les assureurs seront prompts à se désengager en cas d’accident en affirmant qu’une voile trop grande, donc l’irresponsabilité du skipper, était la cause du sinistre. Or nous sommes nombreux en croisière/balade à utiliser des voiles de récupération de surface approximative. En augmentant la « dimension légale » du spi, puisque la possibilité nous en était offerte, nous diminuons le risque de conflit et nous protégeons nos camarades.
Le spi asymétrique :
Un temps inscrit et réglementé par Micro Class, cette voile a disparu de la jauge Micro 2015-2018. Elle n’existait pas à l’origine du First 18. Le respect des règles Osiris conduirait à une voile de piètres performances. Je crois qu’il faut l’oublier en régate.
En croisière, ce peut être différent et un asymétrique bien coupé ne dépassant pas 25 m² porté sur un bout dehors d’environ 1m10 de long est intéressant. Si on peut se faire faire une voile sur mesure, une solution simple et assez économique est d’utiliser un spi d’Open 500 qui convient assez bien et peut se trouver d’occasion.
Le gennaker, les codes « 0 » ou « 5 » :
Ces voiles ne sont prévues ni par Micro Class ni par Osiris. Leur usage entraînera toujours un malus. Je ne pense pas que cela vaille le coût en régate. Un gennaker d’environ 10/12 m² est par contre un bon plan en croisière. Nécessite un petit bout dehors d’environ 50/60 cm.
J’espère avoir été complet, clair et pas trop long.
Procurez vous tous les règles et guides Osiris et Micro.
Bonnes navigations. Bonnes régates.
Jean-Michel